Le travail de Martin Assig est autant lié à la notion de cosmos qu’à des réminiscences de l’histoire de l’art et des religions, dans une jubilation qu’il tente de transmettre au regardeur.
Ce réel plaisir et ce sentiment démiurgique qu’Assig développe dans ses dessins sont présents dans leur réalisation même. Ainsi, dans son atelier, on trouve à côte des pigments purs, des fusains et de l’aquarelle, des casseroles dans lesquelles l’artiste fait chauffer de la cire. Apportant une luminosité particulière à la feuille, cette dernière force la matérialité et l’intensité des couleurs. « J’y suis parvenu par accident un jour où, ayant raté une gravure, j’y ai ajouté de la cire et cela a tout transformé. Ce matériau est très proche de la peau et induit un rapport physique, tout en constituant un écrin du temps, à l’instar de l’ambre ». Ce caractère quasi mystique rejoint d’ailleurs sa découverte de la peinture à travers les scènes de la passion du Christ quand, enfant, il se rendait à l’église.
L’artiste, qui a étudié à la Hochschule der Künst de Berlin, développe aujourd’hui une sorte d’obsession de la reproduction du corps, qui lui permet d’être connecté à lui-même mais aussi à l’univers entier. « Mon travail nourrit l’idée de remplir des contenants, et les corps, que je relie aux architectures, renferment des formes qui ne dévoilent pas ce qu’elles protègent »
Il raconte par ailleurs volontiers ses mythologies à travers des jeux de mots autour de saint Paul, ou de Paul Klee – l’un de ses artistes favoris-, ou mène une réflexion plus globale sur le statut et le rôle de l’art, qui permet aux hommes de faire face à leurs questions existentielles. « Mes réalisations vont au delà de la propre identité et je considère chacun de mes dessins comme un petit cosmos ». Lorsque Assig fait subtilement référence à Ellsworth Kelly, Roy Lichtenstein, Agnès Martin, Edvard Munch ou Pablo Picasso, c’est bien de lui-même qu’il parle, tout en s’adressant aux autres. |