Bernard Vidal
Le Galeriste
Somogy
« Le monde est un théâtre. De la galerie, on voit les collectionneurs comme de son balcon. » Dans une tonalité intimiste , Bernard Vidal, vingt-cinq ans après l’ouverture de la galerie Vidal-Saint Phalle, livre un florilège des expériences professionnelles et artistiques qui ont jalonné son parcours. Il se plaît à organiser ses écrits comme il pense l’art / une suite de tableaux agencés en une plaisante variation. plusieurs anecdotes drolatiques se donnent comme clé de voute du récit : des arnaques d’un collectionneur sans le sou à la fièvre acheteuse compulsive d’un François Larsen dit Larsen-Lupin, en passant par les mondanités des vernissages et les attentes interminables dans les foires où le galeriste, comparé au forain, « attend le client ». Aux souvenirs empreints d’une émouvante authenticité, Vidal appose par touches ses réflexions autour de la peinture, de la beauté, de l’abstraction, et même de Cézanne ou du plus lointain Baldovinetti, et propose des constats variés sur les vices et coutumes du métier: de la faculté des enfants à transformer une galerie en cour de récréation ou de l’inutilité du livre d’or.
Organigramme amusé des différents protagonistes de la société artistique , Le Galeriste passe en revue l’adjointe de la culture, l’expert, le collectionneur, le conservateur, l’artiste (Victor l’ahuri, la colérique Aurelie, le susceptible Cavaillès, Natta Konycheva, Max Neumann et les autres). Avec l’élégance qui le caractérise, son oeil critique et sa sensibilité artistique, le galeriste compose avec la naïveté, le caractère parfois pompeux, l’excentricité et l’enthousiasme de ces acteurs. Et le charme opère. Avec nostalgie et humour, dans un style coloré, animé et poétique, il donne vie au théâtre de l’art contemporain.
Raphaëlle Romain
ArtPress Octobre 2015