Carte blanche à Jean-Pascal Léger

Exposition du 5 au 28 septembre 2013

Rencontre à la galerie Vidal-Saint Phalle avec Anna Mark et Thomas Müller

le Jeudi 19 septembre à 19 h 30

S’agit-il – comme vous le disait Patrice Cotensin – de présenter votre « Musée imaginaire » ?

Certains artistes dont je présente ici une œuvre font partie en effet de mon « Musée imaginaire »; j’ai eu la chance de pouvoir exposer leurs peintures et dessins non pas une fois mais plusieurs dizaines de fois… Mais une « carte blanche » n’est pas un « Musée imaginaire », sinon je montrerais aussi Matisse et Mondrian ou je remonterais plus avant dans l’histoire et avant l’histoire…

Une « carte blanche » signifie quelque chose de plus vivant, un engagement personnel. La pensée de plusieurs peintres (et de poètes comme André du Bouchet et Paul Celan) m’accompagne à tel point que je puis dire y penser tous les jours ; la disparition de Pierre Tal Coat, d’André Marfaing ou d’Albert Ràfols-Casamada n’a éloigné de moi ni leurs peintures, ni leurs paroles, ressourcées à de nouvelles rencontres. Il me semble logique de les associer à des affinités nouvelles et, mieux encore, de leur demander, pour ainsi dire, de poser les questions Gravures ou lavis, les lignes de Louis Cordesse n’ont jamais cessé d’en poser. Mais, ces dernières années, les lignes de Thomas Müller sont venues aussi interroger la peinture, voire interroger son retrait : Thomas Müller serait presque le porte-parole des questions que le dessin pose désormais à la peinture…

Ayant fondé et dirigé la galerie Clivages, de 1981 à 1998, j’accorde une place particulière à des démarches dont la connaissance intime, approfondie, m’a donné un accès plus simple et, pour ainsi dire, plus à vif, aux œuvres des musées et à la « fabrique » spécifique de la peinture. Un directeur de galerie doit attiser le feu de la création qu’il choisit et qui l’habite, il cherche à l’étendre, il en propage les surprises. Il en reçoit des réponses éclatantes.

En tant qu’éditeur, je souhaite qu’un livre formule, matériellement dans sa mise en pages, le rêve de lecture d’un poète. En tant (aujourd’hui) que commissaire d’expositions, qu’un accrochage aide à voir, plus vite peut-être, dans une sorte de nudité, la singularité du langage d’un artiste.

J’aimais, autrefois, « faire le commissaire » dans l’espace de ma propre galerie, c’est-à-dire accueillir des artistes « invités » à côté des artistes de ma galerie, faire apparaître ainsi des préoccupations communes et irréductiblement singulières, et profiter de tels jeux d’éclairages pour éclairer des noms nouveaux, des œuvres en devenir. En réunissant à présent plus de vingt-cinq artistes dans l’espace de deux galeries du Marais, les galeries Christophe Gaillard et Vidal-Saint Phalle, en invitant des artistes représentés par sept autres galeries, je salue aussi le travail des galeries elles-mêmes. Bernard Vidal et Nathalie Bertoux m’accueillent depuis quinze ans pour une étroite collaboration : la galerie Vidal-Saint Phalle est le lieu « naturel » de la liberté qu’exprime une « carte blanche ». La galerie Christophe Gaillard porte – depuis la peinture – un regard vers la peinture mais aussi vers d’autres supports (La parabole des aveugles de Thibault Hazelzet en est un bon exemple) ; je suis très attentif à sa programmation.

Comment est né ce projet d’exposition ?

Les galeries s’unissent trop rarement pour un projet, sauf pour valoriser par un Hommage l’œuvre d’un grand artiste récemment disparu. Je me souviens d’un projet commun que nous avions élaboré, avec Jean Fournier et Marie-Hélène Montenay, d’associer nos trois galeries pour une sorte de Salon (dans l’espace des trois galeries) qui aurait mis l’accent sur les artistes les moins connus… à côté de Sam Francis, James Bishop, Milton Resnik ou Pierre Tal Coat. Il est important pour moi aujourd’hui qu’à côté d’Alberto Giacometti, Nicolas de Staël ou Pierre Tal Coat, à côté de James Bishop, Rebecca Horn, David Nash, Per Kirkeby… ou Lucien Hervé s’entrouvrent aussi des fenêtres vers des travaux peu montrés, peu reconnus.

C’est en fait au milieu des peintures de Juan Uslé, en décembre dernier, à la galerie Lelong, que m’est venue l’idée d’une exposition qui réunirait trois artistes d’une même génération mais d’origines différentes : Juan Uslé, Thomas Müller et Paul Wallach.

A peu près dans le même temps, des « retrouvailles » avec la famille d’André Marfaing me conduisaient à penser à une autre constellation autour de la peinture de Marfaing, une constellation qui réunit dans des positions distinctes les noms de Pierre Dmitrienko, Anna Mark, Daniel Pommereulle, Antoni Ros Blasco…

Donc, plutôt qu’à l’idée d’un musée imaginaire, j’insisterais sur une volonté momentanée, circonstancielle, à coup sûr provisoire, et sur le rapport privilégié avec deux vraies galeries parisiennes. Peut-être plus profondément aussi, sur mon attachement à une peinture, à une sculpture et à une photographie qui engagent un espace. Car, bizarrement, le travail sur l’espace ne semble pas toujours au cœur de la recherche des artistes… Une carte blanche invite à proposer des liens auxquels les créateurs eux-mêmes ne pensent pas toujours : c’est d’abord par l’espace que naîtra l’orchestration des œuvres juxtaposées le temps d’une exposition.

Et parfois le même vide semblera définir l’envers et l’endroit d’une ligne comme l’intérieur et l’extérieur d’une sculpture, le même vide encore entre des œuvres puissantes. Une distance, une sorte d’humour de l’espace. Ce jeu fragile m’importe.

En collaboration avec les galeries Jean Fournier, Jaeger-Bucher, Lelong, Alain Margaron, Bruno Mory, Claudine Papillon, Vieille du Temple.

En partenariat avec la galerie Christophe Gaillard

12, rue de Thorigny 75003 Paris

01 42 78 49 16

 

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