Piero Pizzi Cannella , Pommidoro

19 janvier- 26 fevrier 2008

Pommidoro, d’un amour inquiet

« Je ne suis pas sur terre pour aider mes admirateurs à traverser la rue » Antonio Lobo Antunès, Livre de Cantiques III

Quae mens est hodie, cur eadem non puero fuit

vel cur his animis incolumes non redeunt genae ?

Pourquoi n’avais-je pas enfant les mêmes pensées qu’ aujourd’hui

avec ces sentiments pourquoi ne reviennent pas les joues fraîches ?

Horace, Odes

Ce matin encore je traînais via del Corso à Rome, le nez sur les vitrines, en route vers mon déjeuner avec Pizzi, à Pommidoro, et faisant tout pour être en retard, pensant aussi que de toutes ces villes qui sont devenues en plastique toutes les mêmes- ces kilomètres de vitrines de chaussures pour femmes, mais qu’est-ce qu’elles ont avec leurs godasses, les femmes- Rome est celle qui a le mieux résisté. Il y a une sorte de détachement et d’ironie qui a préservé Rome de l’absolue vulgarité.

Mais avec Pizzi on est rarement en retard, car lui-même est toujours en retard et plus qu’ en retard, je lui ai connu jusqu’à une journée de retard. Chez Pizzi les heures de retard sont grains d’un chapelet que vous dites à chaque rencontre et le temps passe lentement comme la barque sur la mer.

« Ne t’inquiète pas, va commande du vin, je te recommande l’Orvieto, je me sens un peu mal mais va, je te rejoins, dans une heure, un’oretta, si tu préfères on peut se voir ce soir à la maison avec les amis, l’après-midi avec ce vent d’autan, et le sirroco qui vient de se lever, oui je suis encore à Ischia mais je prends le premier bateau, j’arrive dès que les vents tombent, à Rome il fait trop chaud, commence, mange, non ti preoccupare ».

Non que lui-même supporte sans ombrage le retard des autres, tout au contraire, mais les grands artistes sont entourés de courtisans surnuméraires, flatteurs et autres prébendiers. C’est pourquoi, comme le dit Pizzi, « tout le monde rêve d’être artiste », et sans plus vous prêter la moindre attention, voilà qu’il se met à siffloter à tue-tête, et à filer la chansonnette napolitaine :

Vide o mare quant’e bello

Spira tanto sentimento

Comme tu chi tiene a mente

Ca scetato o faie sunna

Bravo Pizzi, bravo maestro !

Alors tous autour et moi aussi bien sûr, d’une seule voix :

Cicerenella mia, si’ dolce e bella !

Cicerenella tenéa nu ciardino

e ll’adacquava cu ll’acqua e lu vino….

Car nous aussi, galeristes, sommes les obligés de nos artistes.

Mi-laquais de coeur, mi-parasites ou dévots, quoique bons pères de famille, au demeurant.

J’ arrive donc à Pommidoro avec une demi-heure de retard. Le patron, qui depuis 20 ans m’ignore superbement, me laisse le soin de filer à la table de Pizzi, la table dans l’angle sur laquelle trône la seule pancarte « riservato » du restaurant. Je m’assieds à table avec mon livre, prêt à l’ épreuve rituelle de l’ attente de Pizzi, mais m’asseyant je suis surpris par le désir cette fois de ne pas attendre, par l’envie de voir pour une fois Pizzi débouler d’un coup heureux, surgir avec un grand sourire « da tanto tempo non ci vediamo ! » m’ enlaçant dans la grande accolade à la romaine dont je l’ai vu régaler ses amis.

Je voudrais m’embarquer avec lui du même élan dans une conversation étincelante d’ art et de poésie, une valse endiablée de mille paillettes et de brios, qui nous changerait de ses borborygmes et de mes silences -quelle extraordinaire exposition Brice Marden au MoMA, lui confierais-je-, et lui, me répondrait-il, qui en ce moment relit Dante- et ne plus jamais avoir à lui parler de ses comptes ésotériques dans mon italien de voyageur, ni du prix de ses tableaux qu’il trouve toujours trop bas, Vidal, ridiculement trop bas

-Mais par rapport à quoi, Pizzi, trop bas par rapport à qui ?

ni des photos qu’ il n’a toujours pas reçues ou des tableaux qu il a promis mais qu’il a oubliés de faire, m’apprêtant à aller dans l’atelier les finir ces foutus de putains de tableaux, mais le talent n’est pas contagieux et ne s’ attrape pas, hélas, en déjeunant.

Mais Pizzi finira par arriver grognon, à contrecoeur, et tandis qu’il se dirige vers moi, le voilà qui s’arrête à une table d’habitués, journal de turf sous le bras et une casquette de cycliste perchée sur la tête, pour rouvrir machinalement à son passage et avec les mêmes l’énième discussion affolée sur la Roma

« à la dernière, mais toute dernière…dans les dernières poignées de secondes, d’une de ces patates, ah Pizzi, mon gars !

« Quel brigand ce Totti !

« celui-là, quand il joue au ballon…

 » L’animal, c’est qu’il veut pas y jouer souvent !

me laissant moi et mon esprit de sérieux grignoter les grissini.

Au Paradis selon Pizzi les artistes sont dans le choeur des anges, plus près encore de Dieu que les Archanges aux ailes de paon couvertes de saphirs et de diamants, que les Trônes en armes et en cuirasse, ou les sévères Dominations, les artistes sont sur les genoux même de Dieu. Un soir, où tout un groupe, la bande à Pizzi, nous sortions saouls à tomber du Casino d’ Enghien -je ne le vous recommande pas, endroit atroce, éclairages blafards et hall de carton-pâte, putes en retrait des tables, hiératiques dans leur robe noire, mains en cire serrées sur leur sac, et tous ces visages en rage agglutinées autour des tables- l’assistante de Pizzi, qui répond si bien au doux nom de Véronica me confia de son air à jouer dans « la Strada », sur les marches de ce même casino : « Pizzi est un coeur pur », et de cet aveu vint ma révélation :

à Enghien je n’ai pas vu Pizzi la chemise blanche en bataille sortir titubant du casino, gueulant à la tête de la bande d’ excités que traînent dans son sillage son aura et sa munificence, j’ai vu Pizzi marchant à pas lents et hésitants sous la voie lactée de sa rédemption.

Pizzi se lève vers midi, déjeune, joue l’après-midi aux cartes, fait son business, dîne en famille, va à l’ atelier à 11 h du soir, se couchant aux premiers rayons de l’aube, s’endormant aux bruits de la rue, à l’heure où les mères emmènent par la main les enfants à l ‘école.

La nuit, quand la nuit est noire et bleue, et la lune parfois accrochée comme un ballon au toit de l ‘atelier, que la ville se replie sur elle-même, qu’elle s’enfonce lentement dans le sol, il peint la somnolence de Rome, les palais endormis, le bruit de la pluie sur les persiennes fermées, les balcons vides. Il peint les belles robes rangées dans les armoires sombres et les bals finissant à la lumière de lustres étincelants. Il peint toutes les fêtes nocturnes que l’on devine du dehors quand on est enfant, et au matin quand le jour se lève il peint les coquillages ramassés au bord de la mer, l’un brillant comme une agate, l’autre couleur de sang, les herbes mystérieusement froissées sur les dunes et le lézard qui s’enfuit au bruit des passants

J ‘étais seul l’autre soir à Rome, chez Pizzi.

Il y avait sur un chevalet le tableau d’une chaise de fer noir perdue sur un grand fonds blanc, ce blanc d’Espagne magnifique, le trait noir de la chaise en métal tordu sur les méplats blancs, un tableau qu’il avait appelé « solitario mio ».

Dans son grand atelier, gigantesques tableaux au mur, cathédrales sombres montant au ciel, entassement de châssis et de toiles vierges dans les couloirs, et d’autres pièces encore en enfilade ,pleines de cartons, de maquettes, l’atelier de Pizzi sent le haut fourneau, la machinerie, on y entend l’écho de bruits de fureur et de pistons.

« Je devrais faire de la poésie, c’est moins fatigant » me dit Pizzi et on était allé au restaurant. On était resté longtemps dehors à la terrasse.

C’était l’ heure du cognac.

« J’attends toujours une commande papale ! » me dit Pizzi, le nez dans son cognac.

Moi, mon avion était très tôt le lendemain.

Mais à 2 heures du matin , l’été, à Rome, on se croirait en milieu de soirée. Passaient des filles superbes, des artistes, des amis, tous se connaissaient, il y avait de la jeunesse sur tous les visages. La plus belle ville du monde se regardait et le temps s’arrêtait comme il le fait certaines belles nuits d’été.

Un jeune artiste, nez droit et cheveux bouclés, vint saluer Pizzi.

« Alors, tu fais toujours l’artiste conceptuel ?  »

« Mais Pizzi, tu m’as toujours dit qu’il fallait réfléchir » dit l’artiste .Il s’appelait Marco.

« Mais là tu réfléchis trop…maintenant ils veulent tous faire l’ artiste conceptuel ! » me dit Pizzi. Il dessinait sur la nappe de papier, et la tache de café sur la nappe devenait, du bout nonchalant de sa cuillère, amphore, ombres chinoises.

Quand Marco fut parti : « …Entre les artistes c’est toujours une guerre » me dit-il, et comme je me levais « tu vas pas te coucher, mais qu’est-ce que tu fais, Vidal, maintenant c’est plus la peine  »

Je suis rentré à pied à mon hôtel, non pas à mon hôtel habituel à San Lorenzo, mais à un hôtel près du Panthéon. Sur les murs de Rome, dans la pénombre des ruelles apparaissaient sur l’ocre sombre des façades des images qui dans la nuit n’en finissaient pas de trembler à la lumière des lampadaires, des vases, des coquillages perlés, des ombres auréolées de suie, de traces de douceur esquissées sur le crépis avec les doigts, une silhouette cachée dans l’embrasure d’un palais, ainsi la peinture de Pizzi suivait-elle mes pas, me poursuivait de sa nostalgie. Mais il était plus de 3 heures du matin, il était tard et du coup l’hôtel était fermé, j ‘ai tapé à la porte, j ‘ai sonné pour réveiller le veilleur de nuit, de lassitude j’ allais finir par me coucher par terre, mais heureusement un carabinier passait :

« Excusez-moi, mais je n’arrive pas à réveiller le veilleur de nuit…

« Monsieur », m’a répondu courtoisement le carabinier, ‘mais ce n’est pas un hôtel, c’est une banque », et il m’ a pris par le bras et m’a raccompagné en gentilhomme jusqu’à mon hôtel.

J’ ai raconté plus tard cette histoire à Pizzi, il a bien ri.

A Pommidoro en attendant le temps passe lentement.

En attendant, sur la nappe de Pommidoro, j’ai étalé un peu de sel devant mois en un tas oblong, je voulais faire un joli coquillage de toutes les nuances de gris sur le blanc de la nappe, mais finalement je n’ai devant moi que du sel sale entassé entre le verre et l ‘assiette.

A Paris, chez moi, il y a un dessin que Pizzi m’a donné, une esquisse, à peine plus qu’une tache.

Sur une feuille blanc ivoire, un beau papier chiffon qui porte le joli nom de « carta inglese », en bas à gauche un petit coquillage bleu cobalt et son ombre portée également bleue qui s’avance comme une mer intérieure sur le papier, une mer pâle aux rives absentes, et en dessous Pizzi a écrit « una giornata al mare, è pur sempre una giornata al mare ».

(« Journal » extraits)

Pommidoro, an unquiet love

‘I am not on earth to help my admirers cross the road.’

Antonio Lobo Antunes, Book of Canticles, III

Alas, when I was a boy, was I not minded as I am today?

Or why, minded as I am, to I not once again have perfect cheeks.’

Horace, Odes

This morning again I was hanging around in Via del Corso in Rome, grazing on shop windows, on my way to lunch with Pizzi at Pommidoro, doing everything I could to be late, thinking that out of all these cities that have become the same – the miles of shops selling women’s shoes, I mean, what is it about women and shoes? – Rome is the one that has resisted most successfully. There is a kind of detachment and irony about Rome that saves the place from absolute vulgarity.

But with Pizzi one is never late, because he himself is often late, and later than late. Like, I’ve known him to be a whole day late. With Pizzi the hours of lateness are beads in a rosary that you tell off at every meeting and time goes slowly like a boat on the sea.

‘Don’t worry, order some wine. I recommend the Orvieto. I’m not feeling too good but, ok, I’ll be with you, in an hour, an oretta, or if you prefer when he can see each other tonight at home with friends, this morning with the southerly wind, the sirocco that has just got up, yes, I’m still in Ischia but I’m taking the first boat, I’ll be there as soon as the wind dies down, in Rome it’s too hot, start, eat, non ti preoccupare.’

Not that he himself can so blithely bear the lateness of others, but then great artists are surrounded by a host of courtiers, flatterers and other hangers-on. That is why, as Pizzi says, ‘everyone dreams of being an artist’, and here he is whistling sonorously and starting up the old Neapolitan song:

Vide o mare quant’e bello

Spira tanto sentimento

Comme tu chi tiene a mente

Ca scetato o faie sunna

Bravo Pizzi, bravo maestro

And all around me and I myself, too, as one man:

Cicerenella mia, si’ dolce e bella !

Cicerenella tenéa nu ciardino

e ll’adacquava cu ll’acqua e lu vino….

We gallerists, too, are under an obligation to our artists. Half lackey out of love, half parasites or devotees, and at the same time family men, too.

So, I get to Pommidoro half an hour late. The owner, superbly oblivious to my identity for twenty years now, leaves me to find my way to Pizzi’s table, the table in the corner proudly sporting the restaurant’s only ‘riservato’ plaque. I sit down with my book, ready for the ritual ordeal of waiting for Pizzi, but as I do so I am suddenly overcome with the desire not to wait this time, with the wish just for once to see Pizzi joyously rush in, come up with a big smile – ‘da tanta tempo no ci vediamo!’ – and crush me with one of those big Roman hugs I’ve seen him lavish on his friends.

I would like us to launch together into a dazzling conversation about art and poetry, which would be such a change from his grunts and my silences: ‘What an extraordinary Brice Marden show that was at MoMA!’ I would say, and he would tell me that he is rereading Dante, and we’d never have to talk about his esoteric accounting in my traveller’s Italian, or about the price of his paintings, which he always finds

‘too low, Vida, ridiculously low.’

‘But in relation to what, low in relation to what, Pizzi?’

or about the paintings he promised but forgot to make, making me want to go into the studio and finish these bloody sodding paintings, except that talent isn’t contagious and you can’t catch it over lunch.

But Pizzi does eventually arrive, reluctantly, and on his way over to me, he stops at a table of regulars, racing paper under his arm and cyclist’s cap on his head, mechanically starting up for the umpteenth time an excited discussion about Roma.

‘At the last, the very last… in the last handful of seconds, one of those stonking shots, eh, Pizzi, mate?!’

‘Totti, what a crook!’

‘When he starts playing ball….’

‘Trouble is, the brute doesn’t often want to play.’

Leaving me and my earnestness to nibble grissini.

In Pizzi’s paradise artists are in the choir of angels, closer to God even than the Archangels with their peacock wings covered in sapphires and diamonds, closer than the armed and armoured Thrones, or the severe Dominations; the artists are on God’s lap. One evening, when a whole group of us, Pizzi’s gang, were coming out of the casino in Enghien, half-drunk – I wouldn’t recommend it to you: awful place, pale lighting and cardboard foyer, whores just off the tables, hieratic in their black dresses, wax hands clasping their bags, and all those frenzied faces pressing round the games – Pizzi’s assistant, who carries with such aplomb the sweet name of Veronica told me, in her best Strada tones, on the steps of that same casino: ‘Pizzi has a pure heart’. And from that confidence came my revelation.

In Enghien I did not see Pizzi with his white shirt hanging out dragging his raucous band in the wake of his aura and munificence, no, I saw Pizzi taking slow and hesitant steps under the milky way of his redemption:

Pizzi rises at around noon, lunches, spends the afternoon playing cards, dealing with business, dines at home, then goes to the studio at 11 in the evening, rising with the first rays of dawn, dozing off to the noise of the street, at the hour when mothers holding their children’s hands are taking them to school.

At night, when the night is black and blue, and the moon sometimes hangs like a balloon from the studio, and the city goes into a huddle, sinking slowly into the ground, he paints the somnolence of Rome, the slumbering palazzi, the noise of rain on closed blinds, the empty balconies. He paints the beautiful dresses lined up in the dark wardrobes and the balls winding down in the light of sparkling chandeliers. He paints all those nocturnal festivities that as a child one images from the outside, and in the morning when the sun rises he paints the shells picked up on the seashore, one bright as agate, the other blood-coloured, the mysteriously crumpled grasses on the dunes and the lizard skittering from the noise of passers-by.

I was alone last night in Rome, at Pizzi’s place.

On his easel he had a painting of a black iron chair lost against a great white ground, that magnificent Spanish white, the black lines of the chair in twisted metal on the white, falsely flat surface, a painting he called his ‘solitare mio’.

In his spacious studio, gigantic paintings on the wall, dark cathedrals rising skywards, piles of stretchers and unused canvases in the corridors, and leading on to other rooms full of boxes and models – Pizzi’s studio smells of the blast furnace, of machinery. You can hear the echo of the din of pistons.

‘I should write poetry, it’s less tiring’, Pizzi told me, and we went to the restaurant. We stood for a long while on the terrace outside.

It was cognac time.

‘I’m still waiting for a papal commission!’ said Pizzi, his nose in his cognac.

As for me, my plane was leaving early in the morning.

But at two in the morning, in summer, in Rome, it’s like the middle of the evening. Superb girls walking past, artists, friends. Everyone knows everyone else. There was youth on every face. The most beautiful city in the world was looking at itself and time was standing still.

A young artist, straight nose and curly hair, came up and greeted Pizzi.

‘So, you’re still a conceptual artist?’

‘But Pizzi, you always told me one must think,’ said the artist. His name was Marco.

‘But you think too much… nowadays everyone wants to be a conceptual artist!’ said Pizzi. He was drawing on the paper tablecloth and the coffee stain on the cloth became, at the nonchalant tip of his spoon, an amphora, shadowgraphs.’

When Marco had left: ‘It’s always war between artists’, he told me. And, as I was rising to my feet, ‘You’re not going to bed, Vidal, what are you doing? It’s not worth it now.’

 

I walked back to my hotel, not my usual hotel in San Lorenzo, but a hotel near the Pantheon. On the walls of Rome, in the half-light of the streets, the dark ochre of the façades showed images that trembled in the lamplight – vases, mother-of-pearl-ish shells, shadows outlined with soot, traces of delight sketched by fingers on the roughcast, a silhouette hidden in the opening of a palazzo doorway – Pizzi’s painting followed my footsteps, pursued me with its nostalgia. But it was past three in the morning, it was late and so the hotel was closed. I banged on the door, I rang to wake up the watchman, and was about to wearily lie down to kip on the ground when, luckily, along came a carabiniero.

 

‘I’m sorry, but I can’t manage to wake up the night watchman.’

 

‘Sir’, the carabiniero courteously replied, ‘this is not a hotel. It’s a bank.’ And he took me by the arm and, like a true gentlemen, escorted me to my hotel.

 

Later I told Pizzi what happened. How he laughed.

 

At Pommidoro, meanwhile, time was getting on.

 

While I was waiting, I spread a bit of salt on the tablecloth, an oblong pile. I wanted to make a pretty shell in all the shades of grey and white on the cloth, but all I ended up with was a pile of salt between the glass and the plate.

 

At home in Paris I have a drawing Pizzi gave me, a sketch, hardly more than a mark.

On an ivory-white sheet, the handsome rag paper that goes by the pretty name of carta inglese, in the bottom left, a little cobalt-blue shell and its shadow, edging forward like an inland sea on the paper, a pale sea with absent shores, and underneath Pizzi has written, ‘una giornata al mare, è pur sempre una giornata al mare’.

(‘Journal’, excerpts)

 

Piero Pizzi Cannella, "Cattedrale", 2014, technique mixte sur toile, 60 x 80 cm
Piero Pizzi Cannella, « Cattedrale », 2014, technique mixte sur toile, 60 x 80 cm

 

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