Dans l’œuvre de Pizzi Cannella, le travail sur papier a toujours tenu une place essentielle et a accompagné celui sur toile :
Le même inventaire iconographique s’y poursuit et les œuvres sur papier sont souvent moins des dessins que des peintures où la matière importe autant que le trait.
L’artiste utilise pour ce faire un beau papier épais sur lequel l’image simplement esquissée existe en tension avec le fond.
Chez Pizzi Cannella l’intensité des fonds, la force de leur abstraction sont indispensables à l’image qui les traverse.
En quelque sorte les fonds tiennent l’image.
Comment créer cette tension sur le papier ? Par la réserve de la feuille blanche, par de simples jus clairs faits avec un peu de thé ou café (quand Pizzi Cannella travaille à Ischia, l’été, dans son « atelier de la mer et des vents »), par quelques traces de crayon gras estompées de la main, quelques mots énigmatiquement posés sur la feuille « sospeso per amore », « la salle de verre », « bella cuore mio ».
Ces mots ne sont pas que des titres, qui d’ailleurs nomment parfois des images différentes ; ils sont aussi l’écho des pensées de l’artiste, le climat et les secrets de son journal intime ; « ferito a morte o addormentato » dit un dessin, et un autre « una giornata al mare ma por sempre una giornata al mare. »
Pizzi Cannella a très tôt défini son répertoire d’images:
la ville de Rome, la vie nocturne et ses fêtes (lustres, pianos sombres, masques et perles, belles robes qui paraissent flotter dans l’air, éventails), la méditerranée ( dunes piquetées de « fiori secchi », coquillages de couleur corail qu’on ramasse sur la grève) et toutes choses plus ordinaires ou plus graves de la vie (lits solitaires, chaises vides au milieu d’un grand parc).
Il y a dans le travail de Pizzi Cannella une volonté sérielle, le désir de revenir au fil des années sur les mêmes images en les enrichissant.
En même temps, il y a le souci constant de tenir la figuration à une certaine distance. Pizzi Cannella y parvient par la grande économie de moyens qui caractérise son travail.
Almanacco 1, exposition organisée l’année dernière, regroupait des œuvres récentes sur papier de même format, et constituait une sorte de répertoire des thèmes iconographiques de Pizzi Cannella. Almanacco 2 rassemble des œuvres sur papier de 1981 à 2009, et vise à retracer les évolutions stylistiques de l’artiste.
Piero Pizzi Cannella est né en 1955 dans la campagne romaine.
Il vit et travaille à Rome
Principales expositions institutionnelles :
1991 Museo Civico di Gibellina
1997 Spedale di Santa Maria della Scala
1999 Espace André Malraux, Colmar
2001 Museo Archeologico Regionale, Aoste
2003 Centre Internazionale d’arte contemporaneo, Genazzano
2004 Hotel des Arts, Toulon
2006 Museo d’arte contemporaneo (MACRO) de Rome
2009 Fondation Caribo, Bologna