« Gezeiten » – En retrait de la peinture
« Thomas Müller fait partie de ces artistes en fin de compte peu nombreux qui s’adonnent exclusivement au dessin. » Il pratiqua aussi la peinture, jusqu’au milieu des années 1990, ce qui fait qu’en France on qualifiera ses œuvres sur papier de « dessins de peintre », mais ce sont plutôt, selon l’expression d’Andreas Schalhorn, des dessins « où la peinture continue de vivre ».
Cela signifie qu’en un temps de remise en cause de la peinture, l’artiste s’est retiré des pouvoirs gestuels, lyriques ou expressionnistes d’une peinture germanique : il a opté pour un minimalisme formel réalisé avec une économie de moyens sur le seul support du papier ; il a d’ailleurs choisi un papier de format systématiquement identique, en grand ou en petit format, un papier simplement blanc qu’aucun charme particulier ne caractérise.
En quoi réside l’unité ou la singularité des dessins de Thomas Müller ? Ce n’est pas vraiment dans leur qualité d’abstraction plutôt que de figuration, si ce n’est par opposition aux langages néo-fauves de la génération précédente. Ce n’est pas non plus dans l’occupation de l’espace de la feuille : cette feuille peut être intégralement couverte par les méandres du trait mais il arrive aussi que le trait se concentre, se « retire », sur un espace extrêmement réduit ; et la tache peut remplacer le trait, le lavis d’encre remplacer la mine de plomb… A la diffusion dans le blanc, à la suggestion d’un nuage ou d’une poussière efflorescente, succèdent des motifs plus organiques parfois dessinés directement, donc plus grossièrement, avec la couleur sortie du tube.
Le titre « Gezeiten » donné par Thomas Müller à sa double exposition à Zürich et Paris nous dit aussi le double mouvement qui l’anime.
« Gezeiten », qui signifie flux et reflux, marées, fait entendre, en allemand, « Zeit », le temps. « Une des connotations de Gezeiten est ce qui est propre à la nature, le retour immuable et cyclique du même. Cela se rapporte aussi à ma façon de travailler : une activité constante, quotidienne, dans laquelle des séries de motifs réapparaissent en alternance cyclique sous d’autres formes. » (Thomas Müller à Andreas Schalhorn)
L’artiste conçoit lui-même ses accrochages. Il nous propose un espace réglé, aéré, libre. Ses dessins jouent de la répétition et de la surprise, de l’austérité et de la souplesse. Comme dans la marée, la prochaine vague est à la fois sûre et imprévisible. Le « naturel » des dessins de Thomas Müller veut que la peinture – qui s’y tient en retrait – nous revienne avec un étonnant pouvoir d’évocation.
Thomas Müller est né a Francfort en 1959. Il vit et travaille à Stuttgart. Il participe aux foires internationales les plus importantes (Art Basel, Art Cologne, FIAC, Arco notamment)
Principales expositions personnelles
2009
Gezeiten, Galerie Vidal-Saint Phalle, Paris, France
Gezeiten, Galerie Schlégl- Nicole Schlégl, Zurich, Suisse
2007
Galerie Michael Sturm, Stuttgart
2006
Twist, œuvres sur papier, Galerie Vidal-Saint Phalle, Paris, France
Zeichnungen, Galerie da entlang, Dortmund
2004
Zeichnungen, Museum Chasa Jaura Valchava (Schweiz)
Nexus, fruehsorge, Galerie für Zeichnung, Berlin
2003
Zeichnung heute, Kunstmuseum Bonn, Allemagne
Artist in residence, the Chinati Foundation, Marfa, Texas
2001
Galerie Rolf Ohse, Bremen, Allemagne
Galleria Torbandena, Trieste, Italie
Neiderrheinisher Kunstverein, Wesel, Allemagne
2000
Galerie der Stadt Mainz Brückentrum, Allemagne
1999
Kunstraum MI Posselt, Bonn, Allemagne
Galerie Schlégl, Zürich, Suisse
Catalogue disponible